Si Netflix s’est lancé en France la semaine passée, beaucoup restent mitigés et se demandent à juste titre comment Netflix peut-il réussir son entrée sur un marché français déjà très investi par des acteurs locaux.
Aux États-Unis, l’entreprise jouit certes d’une immense avance sur ses concurrents, ses 36 millions d’abonnés représentant à eux seuls le tiers du trafic haut débit, mais sur les marchés étrangers, son expansion par paliers est on ne peut plus prudente. Pour commencer, il faut dire que la majeure partie de ses contenus est en anglais. Qui plus est, Netflix a dû négocier avec une pléthore d’entreprises de télécommunications et de fournisseurs d’accès haut débit internationaux ayant chacun des intérêts particuliers à défendre.
Pour ces raisons, le marché français a eu le temps de se préparer à l’arrivée de Netflix, en baissant leurs prix, multipliant leurs programmes et lançant des services de vidéo à la demande (VOD). A titre d’exemple, l’acteur américain devra affronter la rude concurrence de Canal Plus qui propose déjà son propre service de streaming.
Il va sans dire que je suis favorable à une concurrence accrue et à la multiplication des choix que cela suppose pour les consommateurs. A fortiori, cette surabondance d’activité aura un effet positif sur la qualité des contenus. Si HBO propose depuis si longtemps des programmes exceptionnels et si Netflix continue sur la même lancée ce n’est pas par hasard. Car si les deux entreprises jouissent toutes deux d’un modèle de revenus stable fondé sur l’abonnement, Netflix possède une connaissance bien plus approfondie de sa clientèle. C’est pour cette raison que HBO a mis 30 ans pour développer avec succès une stratégie de contenu originale alors que Netflix l’a fait en 18 mois.
Le marché a donc de bonnes raisons de rechercher rapidement de nouvelles solutions pour développer de nouveaux programmes mais Netflix, bien en avance sur le sujet devrait malgré tout s’imposer.
En contact direct avec ses abonnés, Netflix est capable d’analyser avec de puissants algorithmes les habitudes et préférences de ces utilisateurs. C’est ainsi que les 30 millions de lectures par jour, les mises en pause, en recul ou avance rapide, les 4 millions de notes des abonnés, les 3 millions de recherches, les données de géolocalisation, les heures d’écoute et les commentaires sur les réseaux sont scrupuleusement analysés par Netflix. Les dirigeants savaient pertinemment grâce à ces statistiques que « House of Card » serait un succès planétaire avant même que le réalisateur ait crié « action on tourne ». Et les concurrents français peuvent en trembler. Netflix commence déjà à appliquer cette stratégie du contenu, qui a fait son succès outre-Atlantique, en France en programmant sa toute première série française baptisée « Marseille ».
Cette analyse comportementale n’est bien sûr, pas limité à Netflix, regardez le succès d’Amazon, Uber ou du nouvel arrivant en France, Nest. Tous réussissent grâce à leurs offres et services modelés en temps réels grâce à l’analyse fine de ces données. Bien d’autres entreprises devraient en prêter attention.
Pour finir, sa puissance de feu est évidemment liée à son modèle économique basé sur des revenus stables et prévisibles générés par le modèle par abonnement leur permettant d’investir avec intelligence. Cela vaut mieux que d’atteindre péniblement ses objectifs trimestriels dans un marché de la publicité imprévisible. Ce modèle offre également la flexibilité suffisante pour demander à leurs créateurs de renouveler et expérimenter du contenu de qualité.
Alors oui, Netflix s’installe en France et oui Netflix est un sérieux prétendant qui va faire bouger la profession, au plus grand bonheur des consommateurs.
Source : journaldunet.com
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