Selon une étude du Lighting Research Center et relayée par le Britain’s Big Brand Beds, 95% des 18-29 ans utiliseraient leur smartphone avant de se coucher. 60% des personnes interrogées connaîtraient des difficultés à trouver le sommeil. Comment le besoin d’être en permanence connecté perturbe notre sommeil ? A quel point ? Qui sont les plus concernés ?
Bruno Comby : La vie est une succession de cycle d’activités d’éveil et de sommeil, et ce cycle est synchronisé notamment par l’alternance jour/ nuit, donc par la lumière. C’est-à-dire que la stimulation lumineuse qui rentre par nos yeux et stimule notre cerveau va stimuler la production d’hormones d’éveil, ou du sommeil. Donc le fait de rester tard le soir devant un écran lumineux ou même un simple smartphone près du visage est une stimulation lumineuse qui suffit pour repousser le besoin de sommeil. Ainsi, nous désynchronisons notre sommeil par rapport à ce qu’il devrait être. Dans la nature, c’est la nuit qui tombe qui oblige à calmer ces activités et arrête les stimulations lumineuses qui parviennent au cerveau. Avec la lumière artificielle, qui est tout de même un grand bienfait pour la sécurité publique et pour travailler tard le soir de temps en temps ; qu’on utilise de manière systématique pour stimuler son cerveau à des heures avancées de la nuit et donc ne plus dormir, cela devient très nocif pour notre santé.
Selon l’étude, 25% des gens ne mettent pas leur smartphone sur silencieux durant la nuit, et 10% des personnes interrogées sont régulièrement réveillées par un SMS, un email ou un appel. Quelles sont les conséquences de cette addiction ? De quel type de troubles du sommeil parle-t-on ?
Effectivement, au début ce sera occasionnel, mais très vite ça devient addictif. Les premières conséquences sont un dérèglement du sommeil, ce qui est très mauvais surtout quand on est jeune. Par ricocher, elles vont induire des difficultés d’éveil. Ce qui, provoque une baisse des performances à la fois physiques et intellectuelles dans le jour qui suit. Et quand cela devient chronique, la baisse des performances devient aussi chronique, donc on est sous efficient. C’est une nouvelle cause de fatigue, de stress, et après de dépression, de dérèglement hormonal quand cela devient plus grave.
Y a-t-il des technologies qui sont moins dangereuses pour le sommeil, comme la liseuse Kindle d’Amazon ? A quel moment faut-il éteindre ses écrans pour bien dormir ?
Plus la luminosité est forte, plus c’est facile à lire. Donc on a besoin d’une bonne luminosité pour avoir une bonne lecture. La vraie question c’est plutôt de savoir si on a vraiment besoin de lire avant d’aller se coucher. On peut utiliser un objet moins lumineux, comme certaines tablettes ou ordinateurs à luminosité réglable, mais il faut que ce soit quand même suffisamment confortable pour permettre la lecture. Si vous baissez vos différentes lumières dans la pièce avant de dormir c’est très bien, mais du coup si vous dégainer votre iPhone avant de vous endormir, ce n’était pas la peine… Alors oui, il faut baisser toutes les lumières avant une certaine heure, mais il faut surtout se coucher à la bonne heure !
Comment se détacher de cette addiction ? Comment peut-on changer nos habitudes ?
La bonne manière de fonctionner, c’est de se fixer des limites. Il faut arrêter de lire à partir d’une certaine heure, parce que rester devant un écran on peut le faire toute la nuit, sauf qu’il faut travailler le lendemain… Il faut réapprendre à connaître et à dompter son sommeil sous peine de dérégler la machine. C’est d’autant plus important que les bonnes habitudes se prennent jeunes, si on prend l’habitude de dormir très mal très jeune, on risque de poursuivre ce processus toute sa vie. Tout le paradoxe c’est que nous sommes dans un monde avec des outils et des techniques extraordinaires à notre disposition qui nous font oublier la base de tout : c’est-à-dire comment fonctionne le corps humain et comment le respecter. Ces nouveaux outils avaient pour but de nous aider à mieux et être plus performant, pas de faire de nous des esclaves qui ne dorment plus et sont en mauvaise santé.
Source : atlantico.fr
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