Difficile de passer d’une année 2013 aussi riche à une séquence où l’on prête volontiers au secteur high-tech de « rentrer dans le rang ». Sorties simultanées de consoles de jeux vidéo en novembre, retour en force de l’iPhone d’Apple, premières expériences des Google Glass, ou encore l’arrivée de la connectivité au poignet avec la montre intelligente de Samsung (entre autres). Dur, dur pour 2014 de prendre la suite. Le CES de Las Vegas, le grand salon de l’électronique grand public, ferme ses portes dans la nuit de vendredi à samedi. Et il l’a bien souligné.
Le rassemblement 2014 a consacré les écrans de télévision 4K, que l’on qualifie d’Ultra HD. Terminée la 3D à la maison, les constructeurs reviennent à leurs premiers amours: la très haute définition, que l’on avait déjà aperçue l’an dernier. La 4K qu’est-ce que c’est? C’est la suite logique de l’évolution de nos écrans: LCD, plasma, HD Ready, Full HD et donc maintenant 4K. C’est simplement le format qui doit prendre la place de la HD actuelle. Le terme « 4K » fait référence à son format (4096 x 2160 pixels), soit environ le double de ce qui se fait de mieux aujourd’hui.
Alors oui, c’est beau. Sublime même. L’intérêt d’un telle résolution est d’offrir un affichage tellement fin et réaliste que l’on obtient des profondeurs de champs supérieurs à la 3D. Mais ça ne change pas la vie. Pourtant, ce sont ces produits qui étaient les stars du salon, comme l’année passée. Les marques ont cette année mis le paquet pour fournir du contenu à leurs magnifiques écrans. La plupart des diffuseurs ont été sollicités pour « remplir » ces monstres technologiques. Car oui, il faut du contenu adapté. Rappelez-vous les écrans Full HD qui diffusaient des programmes en analogique. Ce n’était pas très beau. Eh bien là c’est la même chose.
Cette année, on s’occupe de « remplir » les écrans avec du contenu
C’est le problème des constructeurs: l’adoption par les consommateurs reste limitée, avec des ventes mondiales attendues entre 2 et 2,5 millions d’unités, selon l’association américaine d’électronique grand public CEA. L’un des freins évoqué par les experts est ce manque de contenus adaptés qui justifieraient vraiment l’investissement dans ces téléviseurs. « C’est peut-être un cliché de dire que le contenu est roi, mais quand on parle de télévision 4K ultra HD, c’est lui qui règne sur les décisions des consommateurs », a commenté Mike Lucas, un responsable de la division « maison » de Sony.
C’est pour cela que Netflix sera pré-installé sur les écrans Sony, LG et Sharp si vous en achetez un en 2014 (seulement aux Etats-Unis pour le moment). Entre 12 et 20 films ou émissions (incluant House of Cards, Orange is the New Black et la dernière saison de Breaking Bad) seront offerts en Ultra HD d’ici cet été. Samsung a lui aussi évoqué des partenariats avec Netflix, mais également avec le service concurrent de vidéo en ligne d’Amazon et des groupes de télévision comme Comcast et DirectTV, pour renforcer l’offre de contenus pour ses téléviseurs ultra HD, ne cachant pas qu’il espérait ainsi en « accélérer l’adoption par les consommateurs ».
« Le streaming sera la manière principale dont les consommateurs recevront des contenus 4K », a assuré Reed Hastings, le directeur général de Netflix, en soulignant que son groupe allait développer son offre de vidéos filmées et post-produites en 4K. Ce passage à la production de programmes adaptés signe bien la transition. La technologie est en place: il faut maintenant y mettre des programmes capables de déclencher les achats. On peut appeler ça l’âge de la maturité.
Il faut maintenant que les chaînes de télévision traditionnelles suivent, ce qui n’est pas encore pour tout de suite. On parie que les téléviseurs 4K seront encore largement à l’affiche au CES de janvier 2015 ?
Des gadgets connectés proches de jouets
Les fameuses brosses à dents connectées, présentées au CES 2014. | AFP
Au rayon des autres présentations, on a découvert une multitude d’objets connectés. Brosse à dents, mini-drones, équipements pour bien dormir la nuit, e-cigarettes connectées, voire un bracelet pour éviter les coups de soleil. Des petits gadgets très branchés santé et bien-être, où les entreprises françaises comme Withings ont un coup à jouer. Cette dernière a présenté pour la quatrième fois au CES ses objets connectés liés à la santé. Avec cette année un système d’amélioration du sommeil alliant un capteur placé sous le matelas et une lampe de chevet.
« La France n’est pas seulement un pays de fromage et de vin, mais aussi de technologies », affirme Christophe Lecourtier, directeur général de l’agence publique de soutien aux exportateurs français Ubifrance. Pour le prouver, Ubifrance a accompagné la venue à Las Vegas de 11 start-up, qui exposent, dans un espace commun au salon sous le label « France », des vêtements sportifs intelligents, des services de musique en ligne, des logiciels de visualisation en 3D…
Elles espèrent gagner à Las Vegas un peu de notoriété, mais aussi des contacts commerciaux ou des financements.
Des smartphones plus grands
On a également vu des smartphones plus performants, plus grands, notamment avec Acer. Son Z5 est constitué d’un écran de 5 pouces (environ 20 cm de diagonale). Après les balbutiements des « phablettes », ces tablettes plus petites, on se dirige tout droit vers une augmentation de la taille des smartphones. Suivant Samsung, Apple devrait également prendre une taille de plus. Malgré son absence du CES, le Californien a laissé filtrer à la fin décembre que son futur iPhone serait plus large. Les premières photos issues d’une fuite chinoise confirme cette tendance. L’iPad pourrait aussi être étiré, afin de séduire plus de professionnels.
Voilà donc le futur. La même chose qu’en 2013 en un peu plus brillant, un peu plus ergonomique. Pas de nouvelle Xbox à se mettre sous la dent. Pas de produits aussi frappant que les Google Glass, que l’on connait déjà bien malgré leur absence du circuit commercial. On est clairement dans l’optimisation de ce qui existe déjà.
Apple devrait toutefois lancer sa montre intelligente, que l’on appelle pour l’instant l’iWatch. Sans avoir été confirmée, cette sortie ne fait presque aucun doute. On n’attend toutefois pas grand chose de cet appareil qui sera vraisemblablement tourné vers le fitness. Son avantage pourra se trouver dans une concentration de toutes les fonctionnalités dont les petits objets connectés disposent déjà.
Le projet de Google Glass laisse de plus en plus sceptique
Plus sa sortie grand public se profile, et plus on redoute un échec cuisant. Selon le spécialiste Robert Scoble qui teste le modèle depuis plusieurs mois, trop de facteurs pourraient affecter cette technologie si le modèle est lancé trop tôt. D’abord le prix (elles sont proposées à 1500 dollars aux développeurs), qui risque de faire fuir les acquéreurs potentiels. « En 2014, il semble que Google ne pourra pas proposer les Google Glass à moins de 500 dollars. On peut donc parier sur un flop. Il faut que le prix soit inférieur à 300 dollars pour que le marché réagisse mais selon moi il faudra attendre 2016 », prévient-il sur son blog, repéré par ZDNet.
La complexité du produit nécessite aussi un conseil personnalisé en magasin, ce qui ne favorisera pas la baisse du prix. Deuxième problème, et de taille, la faible offre en applications. Il n’existe pas à ce jour de magasin dédié aux Google Glass et les produits développés en interne par le géant américain ne semblent pas à la hauteur. « Impossible de transférer et de visualiser directement des photos prises avec les Glass sur mon iPhone, j’ai dû me connecter un réseau Wifi et y brancher le gadget. Quant à la commande vocale pour prendre des clichés, elle n’est pas très précise, notamment dans un lieu bruyant, or c’est souvent dans des lieux bruyants comme les concerts que les Google Glass pourraient s’avérer utiles ». Même chose pour Facebook, dont la version Glass « ne fonctionne pas bien », et les propensions du produit à surchauffer…
2012 avait vu la naissance du projet, 2013 avait été l’occasion de le voir en pratique, 2014 ne sera certainement pas l’année de son succès. 2015 ou 2016 semblent être de meilleurs auspices.
Pour cette année les grands constructeurs ont donc mis de l’eau dans leur vin. Les produits sont en place, il ne manque plus qu’à les exploiter. Certains seront déçus, mais jetez seulement un coup d’œil dans le rétroviseur: les télévisions connectées, la reconnaissance vocale, gestuelle, faciale, les montres intelligentes, des puces de smartphones aussi puissantes que des ordinateurs… Tous ces produits sont technologiquement en place depuis plusieurs années, mais n’ont pas encore trouvé le temps de pénétrer les foyers.
Source: Huffingtonpost.fr
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