L’automobile connectée sort de l’ombre
Jusqu’à l’édition précédente, les voitures reliées à Internet étaient l’exception. Les constructeurs n’évoquaient qu’à peine cet aspect et ils réservaient même certaines premières mondiales au salon international de l’électronique grand public, le CES, plutôt qu’à l’un des nombreux salons automobile qui se tiennent chaque année. L’étonnante planche de bord de l’Audi TT fut ainsi révélée en début d’année à Las Vegas, avant le reste de la voiture.
En deux ans – le salon parisien, le plus important de l’industrie automobile, étant biannuel – la connectivité a pris beaucoup d’ampleur. Non seulement les fonctions connectées et plus largement les technologies héritées de l’électronique grand public se démocratisent. Mais en plus les constructeurs communiquent désormais sur le sujet, même si les communiqués ne font que le survoler, et leurs représentants sont sensibilisés. Nous constatons d’ailleurs, nous qui couvrons le mondial depuis 2010, un bond de fréquentation de médias spécialisés nouvelles technologies comme Clubic.
Des technologies et services empruntés à l’électronique grand public
Concrètement, un nombre grandissant de voitures est connecté à Internet pour offrir toutes sortes de services :
- de divertissement, et en particulier de musique en streaming (Deezer, TuneIn, etc.), en plus d’un navigateur Internet ou d’applications pour les réseaux sociaux, plus anecdotiques
- de guidage, permettant de transférer un itinéraire depuis Google Maps par exemple, ou de trouver sa destination sur Internet
- pratiques, pour démarrer le chauffage à l’avance, géolocaliser la voiture sur une carte et/ou déclencher le klaxon ou les phares pour la retrouver sur un grand parking
- d’assistance d’aide à la conduite, tels qu’une information trafic plus précise et plus étendue que le TMC diffusé sur la bande FM (avec TomTom Traffic par exemple), ou des systèmes collaboratifs d’alerte de radar (tels que Coyote)
- de sécurité pour transmettre automatiquement, en cas d’accident et si personne à bord ne répond, l’emplacement du véhicule et le nombre d’occupants, pour déclencher une intervention appropriée
- de conciergerie, chez BMW notamment, pour réserver dans un restaurant et paramétrer automatiquement le système de guidage par exemple
Pour ce faire l’automobile s’approprie plus que jamais des technologies et des concepts issus de l’électronique grand public, et plus particulièrement des smartphones et des tablettes.
Sur le plan matériel pour commencer, la technologie capacitive s’est démocratisée sur les écrans tactiles, chassant la technologie résistive, disparue il y a des années du secteur de la téléphonie mobile. Précisons toutefois que certains constructeurs préfèrent l’infrarouge, qui fonctionne avec des gants ou des ongles, et que d’autres encore privilégient des écrans non-tactiles associés à des commandes physiques abouties, avec une molette offrant parfois un retour de force (rotation impossible lorsqu’on a atteint la fin d’une liste, chez Mercedes).
Les processeurs Nvidia Tegra, initialement destinés aux smartphones et aux tablettes, sont par ailleurs plébiscités. Audi fut le premier à adopter une telle puce, pour concevoir l’interface à la fois travaillée et réactive de l’A3 lancée en 2012 puis pour ses voitures suivantes. Volkswagen, Mercedes-Benz, BMW et cette année encore Honda, notamment, l’ont depuis imité.
Sortis de la préhistoire mais encore au moyen-âge
Mais méfiance : l’automobile connectée n’en est en fait qu’à ses balbutiements, nous ne sommes qu’à l’aube d’une nouvelle ère et par conséquent à une période charnière. Sur le marché des téléviseurs, les modèles Ultra HD ne sont pas encore aboutis et pérennes, mais les modèles Full HD deviendront bientôt obsolètes. La même problématique s’applique à l’automobile, si bien que pour un technophile, c’est le pire moment pour s’équiper.
On sort à peine d’une période expérimentale pendant laquelle des constructeurs comme Renault ou Peugeot ont lancé des app stores avec des applications sinon inutiles en voiture, au moins d’assez mauvaise qualité pour qu’on préfère utiliser son smartphone.
Le salut viendra d’ailleurs certainement du secteur de la téléphonie mobile, à nouveau, par le biais de solutions comme Apple CarPlay, MirrorLink, ou de plateformes autonomes comme Android Auto. Elles permettront de transposer à la voiture les services éprouvés qu’on utilise déjà sur smartphone. Ces trois solutions sont déjà opérationnelles, de très nombreux constructeurs ont décidé de les adopter (liste des partenaires CarPlay et Android Auto) et elles commencent même à se concrétiser au Mondial de l’Auto 2014. Mais il faudra quelques années pour qu’elles se démocratisent, en raison de l’inertie et des cycles de développement plus importants de l’industrie automobile.
En contrepartie on peut craindre une certaine uniformisation, par laquelle l’automobile était jusqu’alors plutôt épargnée. Alors que tous les smartphones se ressemblent avec leur écran tactile rectangulaire, les designers ont une grande liberté en voiture, du moins jusqu’à présent. L’écran est parfois perché au niveau du pare-brise, ou plus bas sur la console centrale, ou encore derrière le volant comme c’est le cas sur la nouvelle Audi TT. Il est parfois tactile, parfois non, parfois très panoramique (chez BMW), parfois vertical (chez Volvo). Infiniti s’essaye même au double écran.
Avec Infiniti InTouch, on dispose d’un « écran de navigation » et d’un « écran d’options »
On peut quoi qu’il en soit espérer qu’un constructeur comme Tesla, symbole de la convergence entre automobile et nouvelles technologies, inspirera les fabricants historiques. Parti de zéro, ce nouveau venu a pu innover et concevoir une planche de bord constituée d’un grand écran tactile et d’un système électronique régulièrement mis à jour.
En somme, la plupart des constructeurs sont encore en train d’expérimenter, mais l’avenir est encourageant. Il faudra probablement encore quelques années avant que ces GPS connectés n’arrivent à maturité et d’ici là, le smartphone ventousé au pare-brise avec Waze ou assimilé a de beaux jours devant lui.
En attendant on peut se faire une idée de l’état de l’art en consultant les articles et les vidéos que nous avons publiés dans le cadre du Mondial de l’Automobile 2014 de Paris :
- CarPlay : pour utiliser son iPhone au volant d’une Ferrari
- Tesla Model S : découvrez l’écran de 17 pouces servant de console centrale
- Coyote S : un avertisseur de radars avec dashcam et réalité augmentée
- BMW i3 : un habitacle futuriste et connecté
- Ford Sync 2 : reconnaissance vocale et grand écran tactile en vidéo
- Ford apporte la réduction de bruit active à l’automobile
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- Autos connectées : focus sur les OS et apps embarqués
Source: clubic.com
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